16 Octobre 2010
C'est le plus beau livre que j'ai lu cet été, écrit par un américain, Philipp Meyer. Voici les premières lignes :
"Cinq ans que la mère d'Isaac était morte, mais il n'avait pas cessé de penser à elle. Il vivait seul dans la maison avec le vieux. Vingt ans, petit pour son âge - à vue d'oeil, un gamin. En cette fin de matinée, il traversait les bois d'un pas vif, direction la ville, frêle silhouette, sac au dos - surtout ne pas être vu. Il avait pris quatre mille dollars dans le bureau du vieux. Il se corrigea : volé. Adieu maison de fous, grande évasion [....] Il atteignit bientôt le promontoire. Vertes collines ondoyantes, lacets de rivière boueuse, étendue de forêt que seules déchiraient la ville de Buell et son aciérie, elle-même une vraie petite ville avant qu'elle ferme en 1987 et soit démantelée dix ans plus tard ; elle se dressait maintenant telle une ruine antique, envahie d'herbes aux cent noeuds, de célastre grimpant et d'ailante glanduleux."
J'ai choisi de vous donner à lire ce début, parce qu'il donne tout de suite à la fois le sujet et l'ambiance du livre : un tout jeune homme, Isaac, qui veut s'évader de la vallée où il a vécu jusque-là, car c'est un monde qui se meurt. La nature, les paysages, y compris industriels, sont omniprésents, les personnages profonds, l'histoire attachante de bout. Bref, c'est un livre magnifique, qu'on pourrait rapprocher des meilleurs Russell Banks.